Catégories
Sneakstory

Et si Michael Jordan avait signé chez Adidas…

Imaginez que Michael Jordan ait signé avec la marque aux trois bandes? Les choses ne se seraient certainement pas déroulées de la même façon n’est ce pas?
Nous n’aurions pas connu les chaussures Jordan dès le milieu des années 80.

Nous n’aurions pas eu la chance de porter les Air Jordan I, d’admirer les Air Jordan XI, d’attendre avec une impatience insoupçonnée la sortie du nouveau modèle de Jordan.

Le buzz du sneaker addict n’aurait probablement pas existé ou dans une moindre mesure. Avouons-le : le marché de la chaussure de basket aurait été tout autre !

Aussi, merci à Nike d’avoir réussi à enrôler le jeune Michael Jordan car saviez-vous que ce n’était pas du tout ce que souhaitait le jeune rookie de Chicago au départ. Interviewé par Darren Rovell de CNBC, His Airness expliquait n’avoir jamais porté de chaussures Nike jusqu’à ce qu’il en vienne à s’engager avec la marque au swoosh.

Nike était à deux doigts de passer à côté du phénomène planétaire du 20ème siècle. Loyal et convaincu qu’il aurait tout intérêt à trouver un accord avec Adidas, MJ s’était permis de présenter la proposition de contrat de Nike aux dirigeants d’Adidas en espérant que ces derniers s’aligneraient sur leurs concurrents.

« This is the Nike contract, if you guys come anywhere close – i’ll sign with you guys (adidas) » – Michael Jordan
Pour des raisons qu’on peut imaginer, la marque européenne ne s’est pas alignée. On connait la suite.

N.B

Catégories
Sneakstory

Zoom sur la Jordan XI…

I’m Back

Pour la neuvième fois de l’histoire de la ligne, c’est Tinker Hatfield qui dirige la conception de la Air Jordan XI ou Air Jordan 11, tandis que Michael Jordan est encore dans sa carrière de joueur de baseball. Elle est donc la première sneaker de la ligne présentée après le retour de MJ sur les parquets de NBA. Au début du printemps 1995, avec trois mots, « I’m back », His Airness annonce officiellement son retour au sein de Chicago Bulls au bilan sportif médiocre, et dont la participation en playoffs est loin d’être assurée.

Michael Jordan porte les Air Jordan X jusqu’en phase finale. Lors du match 1 de la demi-finale de la Conférence Est, il chausse des Air Jordan XI Concord parées du numéro 45 que Jordan se présente sur le parquet du Orlando Magic, franchise de la star montante Shaquille O’Neal. Leader et donc principal rival de Nike, Reebok a fait du Shaq’ son étendard. Jordan écope par ailleurs d’une amende pour non respect du code couleur de la tenue des Chicago Bulls lors de ce match. Encore à l’état de prototype, ces Concord et leur cuir verni déclenchent immédiatement un énorme engouement auprès des fans et des sneaker heads. Aujourd’hui encore, il se dit que Jordan les aurait portées à l’insu de Nike, ce qui semble peu probable vu ce contexte.

Cas particulier dans l’histoire de la ligne, la release de la XI se fait de manière anticipée; à l’exception des IX (non-portée en match officiel, MJ étant alors dans sa première retraite) et X (mise en vente avant l’annonce de son retour), depuis la première en 1985, toutes les nouvelles Air Jordan sortaient jusque là en début d’année, aux alentours du mois de février. En novembre 1995, six mois après leur première apparition, la release de la Air Jordan XI Concord provoque une quasi-frénésie chez un public impatient et bouillonnant, bien mis en condition par la campagne promotionnelle.

Un marketing minimaliste

Par leur concept, les publicités TV de la Air Jordan XI étaient plus minimalistes que les précédentes, dépouillées de dialogues. Ces spots montraient Michael Jordan dans un gymnase en face d’un panier d’une hauteur démesurée. Il marque un slam dunk, se bloque, puis, regardant la trentaine de mètres qui le sépare du sol, se tourne vers la caméra avec une expression d’inquiétude.

Il est à noter que MJ porte des Air Jordan XI dans le film Space Jam, sorti en salle en 1996. Ces sneakers, qui prendront le nom du film plus tard, n’étaient pas au programme de la GR. Les Air Jordan XI « Space Jam » seront finalement proposées au public en 2000.

Après la défaite en demi-finale de la Conférence Est de la saison précédente, pendant laquelle il avait étrenné les Air Jordan XI, Michael Jordan se remet dans un régime d’entraînement rigoureux. Dennis Rodman rejoint la franchise. Les Chicago Bulls terminent la saison régulière avec 72 victoires pour seulement 10 défaites, bilan qui constitue encore à ce jour le record de la NBA. Les Chicago Bulls poursuivent sur leur lancée en playoffs, ne perdant que trois matchs en quatre tours. L’ultime match de la finale qui voit les Chicago Bulls remporter le titre NBA, se joue le jour de la fête des pères. Avec la disparition de son père peu auparavant, Jordan est très ému après la victoire. Une scène d’après match filmée est d’ailleurs restée dans les mémoires : MJ, allongé sur le sol des vestiaires et tenant le ballon du match, en sanglots.

Lors de la saison 1995-1996, avec ses Air Jordan XI, Michael Jordan étoffe son palmarès de manière impressionnante : Champion NBA, triple MVP All-Star Game – saison – finale (il est seulement le deuxième joueur à réaliser cette performance, après Willis Reed), meilleur marqueur de la saison, All-NBA first team, NBA All-defensive first team, pour ne citer que les principaux. Son quatrième titre de MVP de la saison régulière lui permet de dépasser Magic Johnson (trois), et de rejoindre Wilt Chamberlain.

En s’inspirant entre-autre d’une tondeuse à gazon, Tinker Hatfield, le designer référence de la marque au swoosh, voulait donner un look de cabriolet à la Air Jordan XI. Afin de se rapprocher de l’aspect d’une carrosserie, il utilise le patent leather (cuir verni), matériau encore jamais vu sur une chaussure de sport. Cette sneaker marque le retour du transparent rubber, plus vu dans la ligne depuis la Air Jordan VI. La Air Jordan XI possède un stretch résistant sur la tige. Dans le but d’améliorer sa rigidité, sans impacter sa légèreté, la chaussure introduit une plaque de fibre de carbone sur un midsole recouvert de polymère supérieur

La Air Jordan XI ressort en l’an 2000. Jusqu’à présent, les précédentes releases retro de Jordan Brand n’avaient pas eu les résultats attendus. Avec la « Space Jam », proposée pour la première fois, mais surtout la « Concord », ces sorties se révèlent être de vrais succès commerciaux. La mise sur le marché de la seconde s’est déroulée de maniéré tendue aux Etats-Unis.

En 2001 les colorways OG « Columbia » et « Bred » connaissent à leur tour une retro. Le premier pack 2 en 1 de Jordan Brand sort en 2006. Ce Defining Moments Pack (DMP) est composé d’une Air Jordan XI au colorway proche de la Concord (elle est facilement différentiable : le Jumpman est doré plutôt que noir), accompagnée d’une Air Jordan VI.

Sortie en decembre 2011, la Jordan XI Concord s’est parfois accompagnée d’émeutes aux États-Unis, tant la sneaker y est populaire.

Fermement attendue par les fans et les sneaker heads, la Air Jordan XI « Bred » (Black/True Red-White)  ressort en 2008, la sneaker dans sa version « Bred » est proposée en diffusion limitée : le Countdown Pack (pack 2 en 1 comprenant également la Air Jordan XII « Taxi »). Ce colorway « Bred » semble être apprécié de tous, sa dernière mise sur le marché date de décembre 2019…….

Le saviez-vous ?

La Air Jordan XI est surement l’un des best seller de la gamme Jordan Brand et la préférée de sa majesté Michael Jordan, c’est vous dire… Mais saviez vous que le modèle puise son inspiration d’une tondeuse à gazon et du monde de l’automobile et plus précisément d’un véhicule de type cabriolet. Autre fait marquant, si vous regarder de plus près la semelle de votre Air Jordan XI, vous vous rendrez compte que son design représente deux îles qui sont les principales zones de traction de la semelle. Déchaussez votre AJ XI et constatez le par vous même…. 

La Jordan XI est synonyme de come-back, elle rappelle celui de MJ en NBA, le retour de Tinker Hatfield comme designer vedette et le retour des semelles transparentes qui ont tendance à jaunir. Indéniablement la plus populaire, elle est la première chaussure de sport à intégrer une pièce en carbone. La couronne vernie noire qui l’entoure est pour beaucoup dans le succès de cette chaussure dont beaucoup reconnaissent le côté élégant. Réédité pour la première fois en 2000, elle a fait l’objet de quelques modifications : noir et blanc plus profonds, semelle plus rigide et moins plate. Pour la plupart des sneaker heads, la réédition est plus aboutie que le modèle original. MJ en porte une déclinaison noire et bleue dans le film Space Jam.

Catégories
Sneakstory

Adidas vs Puma, histoire d’une saga familiale fratricide

Lorsque l’on évoque les marques Adidas et Puma, on pense tout de suite à des marques de sports historiques qui ont révélé des sportifs légendaires depuis les années 20, des modèles emblématiques comme la Puma suede ou la Adidas Stan Smith, désormais disparue des shops.

Mais ce que l’on ignore généralement, c’est que l’histoire qu’elles partagent est digne de nos journaux  «gossip», «people» et autres séries télé. Oui, l’histoire de ces deux marques révèleen fait que ce sont deux jumelles issues du «divorce fratricide» de la famille Dassler.

Tout a commencé dans les années 20 en Allemagne, à Herzogenaurach (en Bavière), où grandissent deux frères âgés d’une vingtaine d’années : Adolf Dassler (surnommé Adi), jeune homme introverti dont l’unique centre d’intérêt est le sport, et qui passait déjà son temps à fabriquer des chaussures de sport. Rudolph, son grand frère âgé de 22 ans, qui était très différent, extraverti, ne jurant que par sa voiture de sport fraichement acquise Rudolf choisit de suivre une formation dans la police.

Adolf, quant à lui, décide de réaliser son rêve et C’est plus exactement, en 1918, à l’issue de la Première Guerre Mondiale à laquelle participèrent les deux frères, d’ouvrir sa propre fabrique de chaussures dans l’ancienne laverie de sa mère : la « Gebrüder Dass ler Schuhfabrik» (fabrique de chaussures Dassler). Au début, il utilise des moyens  tout à fait rudimentaires : juché sur son vélo, il arpente les rues afin de chiner de quoi fabriquer des chaussures : des morceaux de musettes et de casques pour faire les semelles et des morceaux de parachute en guise de revêtements. Pour les fabriquer, il utilise son vélo connecté à une dynamo et fait pédaler un de ses deux employés pour produire l’électricité nécessaire (inimaginable aujourd’hui !). En 1921, Rudolph rejoint son frère et met son sens inné du commerce au profit de l’entreprise. C’est à partir de ce moment que l’entreprise va connaître un réel essor : Elle commence par fournir  l’équipe olympique allemande aux JO de 1928 à Amsterdam, puis Jesse Owens aux JO de Berlin dont la victoire aux JO fît  mondialement parler d’elle (mais ça, c’est une autre histoire !).

Ce gain de notoriété va ouvrir de nouvelles opportunités à l’entreprise familiale. Mais c’est également cet évènement qui sera à l’origine de divergences entre les deux frères : Adi, en grand passionné, voulait en profiter pour investir dans l’amélioration de ses produits, alors que Rudolph ne voyait que les bénéfices qu’il pouvait tirer de cette publicité.

Ces divergences s’ accentuent à partir de la Seconde Guerre Mondiale quand arrivent de nouvelles difficultés  : la production était contrôlée par le régime et donc ralentie, et Rudolph refusait de faire travailler ses neveux dans la fabrique pour leur éviter d’être appelés au front… le climat familial se détériore de plus en plus.

Hitler mit ensuite en place une politique de mobilisation totale, tous les hommes pouvaient alors être appelés au front… Ce qui fut le cas de  Rudolph… mais uniquement de lui ! Très en colère il décida de faire fermer l’entreprise pour la mettre à disposition de l’armée Nazi. Après avoir déserté de l’armée, Rudolph fut arrêté par la Gestapo puis étrangement libéré, et arrêté une seconde fois mais cette fois par l’armée Américaine.

A l’origine les deux frères étaient partisans du NSDAP et séduits par le tempérament d’Hitler, mais Adi s’est vite détaché des idéaux de celui-ci tandis que Rudolph continuait de suivre le parti (c’est pourquoi il était certain qu’il devait sa deuxième arrestation à son petit frère…).

Tandis que que Rudolph était toujours détenu par les Américains, tout allait pour le mieux dans la fabrique allemande qui avait trouvé une nouvelle clientèle, désormais américaine ! Et c’est d’ailleurs l’armée américaine qui fournissait alors la fabrique d’Adolph en matériaux pour fabriquer ses produits.

Après avoir été finalement libéré par l’armée allemande, Rudolph revint près de son frère, mais  ils avaient perdu toute confiance l’un en l’autre, et décidèrent de se séparer et de partager le matériel de l’entreprise. La fabrique de chaussure des frères Dassler fut officiellement fermée en avril 1948, non sans heurts et disputes.

L’histoire s’arrête là me direz-vous ? Absolument pas !

Du « divorce » Dassler sont nées deux entreprises : celle d’Adolph Dassler (qui garda la partie technique) et celle de Rudolph Dassler (qui garda la partie commerciale). Pour le nom, ils eurent tous deux  même idée : prendre la première syllabe de leur prénom, et l’accoler à la

première syllabe de leur nom de famille.

Pour Adolph cela donnait : «Addas»
Pour Rudolph cela donnait : «Ruda»
Le registre du commerce refusa le nom Addas à Adolph car étant trop proche d’une autre marque déjà existante.
Finalement, Adi rajouta une lettre et décida d’appeler sa société : Adidas.

Rudolph de son coté trouva «Ruda» peu vendeur, et décida de changer les deux consonnes pour aboutir au nom Puma.
Ces deux nouvelles sociétés étant voisines et sur le même marché, la guerre entre les frères Dassler
recommença de plus belle. Cette lutte  transgénérationnelle allait directement influencer la culture d’entreprise des deux marques ainsi que leur notoriété future.

Quelles seraient  les conséquences des choix stratégiques et de la séparation des deux frères ? Quelle politique commerciale s’avèrerait à long terme la plus pérenne? Découvrez la réponse à ces questions et la suite de  la saga familiale fratricide des marques Adidas et Puma dans un prochain article …

K.E

Catégories
Sneakstory

La Jordan 3 se dévoile au All Star Game 1988…

Savez-vous quel est le point commun entre l’album Nougayork de Claude Nougaro, le lancement de la fusée Ariane 4, l’élection de François Mitterrand, et la naissance de l’artiste Rihanna ? Ou encore la création de l’émission Question pour un champion ? Et bien, tous ces événements se sont produits en 1988, soit exactement la même année que la sortie de la Jordan 3 Black Cement.

La comparaison peut vous sembler hasardeuse, mais elle est à la hauteur de l’impact que ce modèle a eu sur le marché de la sneakers et dans la rue. En effet les ventes du modèle ont atteint des records inégalés pour une paire de basket. On l’aperçoit aux pieds de Ricky Bell sur la pochette du disque du groupe New Édition « Heart Breaker » sorti en 1988, et toujours la même année c’est le rappeur Easy E qui arbore ses Jordan 3 White Cement sur la pochette de son album intitulé « Easy Duz it ». Dans le film pour enfant Little Monster, c’est encore l’acteur principal Fred Savage qui ne quitte pas ses Jordan 3 Fire Red d’une semelle …

Dans la saga Jordan, la Jordan 3 est le modèle de la marque qui faillit ne jamais voir le jour. En effet Michael Jordan souhaitait quitter Nike et créer sa propre marque car il voulait tout simplement se sentir investi dans la création ses chaussures, n’ayant pas été consulté pour l’élaboration des deux premiers opus de la gamme. Jordan par exemple n’avait pas du tout apprécié le prototype de la Jordan 1, craignant en la portant de passer pour un clown, mais surtout dont il trouvait les couleurs « diaboliques » (rouge et noir), et qui heurtait ses convictions profondes…

Mais au moment de sortir un nouveau modèle, les deux designers attitrés de Nike (Rob Strasser et Peter Moore) ont quitté le navire, et c’est donc à un jeune designer produit Tinker Hatfield (qui est architecte de formation) que la marque Nike confie la conception de la Jordan 3. Hatfield doit cette fois collaborer avec Michael Jordan. Au départ très réticent et exigeant quant-à l’orientation du produit, Jordan sera finalement très satisfait de cette nouvelle collaboration et prolongera dans la foulée son contrat avec Nike.

Comme chaque année c’est au « All Star Week End » que Nike présente ses nouvelles Jordan. Il a lieu cette année-là à Chicago et l’on y aperçoit pour la première fois la toute dernière création, la Jordan 3. Et là c’est une petite révolution par rapport aux deux modèles précédents. Ces derniers étaient pourvu d’une tige haute, et la Jordan 3 laisse à découvrir une paire mi-hauteur avec une allure fine. Le look de cette drenière 3 tranche avec celui de ses prédécesseurs notamment celui de la Air Jordan 2 dont le succès fut plus que mitigé. Son allure moderne marque un tournant dans l’historiographie de la marque et plus généralement dans la sneakers. On retrouve coté design un nouveau visuel l’éléphant skin sur le talon et sur une partie de l’avant de la chaussure qui lui procure un style inédit pour l’époque. Le logo “Nike Air” est maintenu sur le talon. L’empeigne est composée de cuir véritable, Le Jumpman, qui est désormais la nouvelle identité visuelle de la marque, apparait sur la languette à la place du logo avec les ailes « wings » jugé démodé. La semelle d’usure est quasiment similaire à celle de la Jordan 2, mis à part le point de rotation qui est recentré pour obtenir une adhérence optimale à l’arrêt, et pour les déplacements courts ou les changements de directions.

Jordan souhaite que ses modèles soient conçus en fonction de ses besoins sur le terrain et de l’évolution de son jeu, c’est pourquoi il insiste pour obtenir une chaussure plus légère, plus confortable, plus protectrice et plus flexible. C’est surement également la raison pour laquelle il opte pour cette version tige mi-hauteur alors qu’il n’avait jusqu’ici  évolué qu’avec des versions hautes. Cette nouveauté a permis de populariser les tiges mi-hauteur qui même si elles existaient avant, étaient très peu utilisé par les joueurs. La Air Jordan 3 l’a popularisée.

Mais la plus importante « avancée technique » est la bulle d’air désormais apparente, encapsulée dans une fenêtre située sur la semelle intermédiaire qui est en polyuréthane. Cette nouvelle technologie équipait déjà la Nike Air max de 1987. Rappelons-le, ce procédé révolutionna la course à pied et fut mis au point par Tinker Hatfield en personne. C’est donc une première pour la gamme Air Jordan.

Mais revenons à ce All Star Week End… En ce 06 fevrier 1988, comme beaucoup d’ados de mon âge, malgré l’heure tardive j’ai les yeux rivés sur le petit écran lorsque Jordan entre en piste pour le Slam Dunk Contest chaussé pour la première fois de la Jordan 3 White Cement. Il s’agit pour lui de défendre son titre acquis l’année d’avant. On compte 6 autres compétiteurs et parmi eux l’un des meilleurs dunkeurs du moment, un certain Dominique Wilkins joueur de la franchise des Atlanta Hawks qui a déjà remporté le trophée en 1985. Cet affrontement tiendra toute ces promesses : D’un côté, Wilkins est synonyme de force herculéenne et d’explosivité, de l’autre, Jordan incarne le hang time et l’élégance. Tout le public présent a déjà compris que le titre se jouera entre ces deux joueurs. Sans surprise, ils écartent sans difficulté les autres concurrents pour se hisser en finale. Galvanisés par la foule les deux athlètes vont nous gratifier d’arabesques aériennes de toute beauté, se rendant coup pour coup, tout en côtoyant le sublime.

Lors de la finale Wilkins assène deux dunks de toute puissance et absolument parfaits. Il obtient deux fois de suite la plus haute note, tout comme Jordan mais dans un style plus aérien et délié. Ils sont tout les deux à égalité au moment d’effectuer leur dernier dunk. Dominique Wilkins s’avance et martyrise une dernière fois le cercle, mais les juges sont d’un autre avis et lui attribuent une note légèrement inférieure aux deux précédentes. His Airness a donc son destin en main, mais pour l’emporter il va devoir sortir de sa besace un dunk « venu d’ailleurs ». Jordan prend son élan à l’autre bout du terrain et commence à dribbler et arrive à la ligne des lancers francs adverse. Il s’élance dans les airs pour dunker, le temps parait suspendu, on a littéralement l’impression de le voir planer jusqu’au cercle, pour venir y écraser la balle. Il rentre ainsi dans la légende avec ce geste qui reste à ce jour le dunk le plus spectaculaire de l’histoire du concours… Et naturellement les fans se rappellerons qu’il avait ses Jordan 3 White Cement vissées aux pieds, ce qui participera à la légende du modèle que les fans surnommeront désormais la Sky Jordan…

Mais c’est une autre version de la Jordan 3 que Michael Jordan va revêtir dès le lendemain, pour le prometteur match des étoiles : la Jordan 3 Black Cement, qui est une mouture très proche de la white Cement, mais avec une base noire, et qui lui confère un look plus agressif. Avec cette seconde version qui arrive dans la foulée, on peut dire que Nike gâte ses fans. Il est en effet de coutume de ne sortir qu’un seul coloris à l’occasion du All star game, et de sortir la seconde coloris lors des playoffs qui ont lieu au mois d’avril. Nike a décidé de frapper un grand coup jeu avec cette opération marketing, profitant du fait que le All star week end a lieu dans la salle des  Chicago Bulls, franchise dans laquelle joue Michael Jordan. Porté par ces circonstances exceptionnelles, Jordan remportera, en plus du slam dunk contest, le titre de MVP du match des Étoiles le dimanche 07 février au Chicago Stadium en inscrivant 40 points. Une performance énorme. Il engrangera trois autres distinctions individuelles à la fin de la saison, celle de meilleur marqueur du championnat, de meilleur défenseur de saison, et de meilleur intercepteur. Il devient le MVP de la saison régulière, 1988, «une saison momentum ».

Certains se rappelleront la campagne de pub qui suivit dans laquelle, Jordan lui même donnait la réplique au réalisateur afro américain Spike Lee interprétant Mars Blackmon, un personnage à l’origine qu’il incarnait dans son film nommé « She’s Gotta Have It » sorti en 1986. Tout ça pour vous dire que ce spot publicitaire est un véritable évènement. Il joue la carte humoristique, chose qu’aucune autre marque n’avait faite jusqu’alors. Cette campagne de pub intitulée «  The best earth. The best on mars »  reste encore décrite aujourd’hui comme l’une des plus réussies de l’histoire du marketing sportif. On comprend maintenant aisément pourquoi la Air Jordan 3 est si populaire…

SA.

Crédits photos Pierre Faitot et Seth hematch

Catégories
Sneakstory

John Mc Attack Nike

En 1984, le réseau social Facebook et Instagram n’existaient pas encore. En effet, leur PDG Mark Zuckerberg voit le jour cette même année à White Plains dans l’état de New York et évidemment à ce moment-là, rien ne pouvait augurer d’un avenir si prometteur. C’est encore en 1984 et à New York, que la marque Nike annonce que le basket-ball devient son sport phare avec la signature de Michael Jordan, lui-même natif de Brooklyn, et la création de la ligne chaussure et textile Nike Air Jordan qui marquera le début d’une nouvelle ère dans le marketing sportif. Parallèlement, toujours en 1984, loin de la mégapole New Yorkaise et de tout son écosystème, un certain Lebron James naît à Arkon dans l’état de l’Ohio. Futur basketteur aux talents hors du commun, en véritable performeur, il ne manquera jamais une occasion de briller sur le parquet face à la franchise des New York Knicks. Par ailleurs, rien ne le destinait à devenir un influenceur des réseaux sociaux, publiant des postes à visée politique, culturelle ou traitant de l’éducation. Jamais un sportif avant lui n’avait autant utilisé ces réseaux pour s’exprimer. Ces trois destins croisés, Zuckerberg, Jordan et James ont pourtant quelque chose en commun, la ville de New York qui exerce un impact significatif sur la musique les médias, l’art, la mode, la technologie, le sport (on la surnomme la Mecque du basket), l’éducation et le divertissement, jusqu’à être parfois considérée comme « la capitale du monde ».

Mais en 1984, pour la marque Nike, tout ne se passe pas à New York ! En effet, même si elle emploie déjà plus de 4000 employés, la marque a principalement des usines en Corée du Sud et à Taïwan mais aussi au Vietnam, en Chine, en Indonésie, en Argentine, au Brésil, en Inde, au Mexique, en Thaïlande, en Sri Lanka, en Malaisie, en Turquie, au Cambodge, et au Salvador. Elle conserve encore une usine de chaussures sur le sol américain, précisément dans le New England. Malgré ce spectaculaire développement, la marque est confrontée à une baisse de 11,5% des ventes de ses chaussures de sport. Nike a abandonné sa stratégie marketing traditionnelle de sponsoring aux événements sportifs, pour adopter une approche plus large, investissant plus de 10 millions de dollars dans sa première campagne publicitaire de masse investissant télévision, magazine, affichage, presse… ainsi que des peintures murales dans neuf villes américaines pour faire connaître les produits Nike avant les Jeux olympiques de 1984 à Los Angeles. Les athlètes chaussés de Nike affichent de très bonnes performances aux JO, puisque 58 d’entre eux ont remporté 65 médailles olympiques ! Malgré cela, les bénéfices de Nike ont chuté de près de 30%, bien que les ventes internationales aient été en hausse. Cette baisse est attribuable notamment à l’augmentation des coûts associés à l’expansion de l’entreprise sur les marchés étrangers et aux efforts déployés pour accroître les ventes textiles de la marque.

Georges Orwell avait raison, l’année 1984 aura été une année difficile, mais Nike a su faire face à l’adversité en rendant coups pour coups à l’instar du fantasque tennisman américain John Mc Enroe sous contrat avec la marque depuis 1978. Pour Mc Enroe 1984 est l’année de tous les records, il termine no 1 mondial pour la quatrième fois, et établit le meilleur ratio victoires/défaites sur une saison : 82 victoires pour seulement 3 défaites (96,47 %). Ce record est toujours inégalé, puisque seuls Roger Federer en 2005 (81V-4D, 95,3 %) et en 2006 (92V-5D, 94,8 %), Novak Djokovic en 2015 (82V-6D, 93,2 %), voire Rafael Nadal en 2013 (75V-7D, 91,46%), s’en sont approchés. Au sommet de son art, John McEnroe domine la saison et le tennis mondial concédant sa seule « vraie » défaite contre le Tchécoslovaque Ivan Lendl lors de la finale de Roland-Garros. Il a remporté 13 tournois sur les 15 auxquels il a participé, et remporté 82 matchs sur 85. Mais que diable porte-t-il aux pieds ?

McEnroe débute sa carrière en 1977 en Sergio Tacchini mais joue en Nike dès 1978. En 1980, alors sous partenariat chaussures avec la marque (et non financier), il joue chaussé de Nike Wimbledon. Il portera d’autres modèles avant d’avoir sa première paire à son nom : En 1981, c’est avec des Nike Forrest Hills qu’il remporte son premier Wimbledon, puis en 1983 il remporte son sixième titre du grand chelem et son deuxième Wimbledon avec la Nike Challenge Court.  C’est enfin en 1984, qu’il signe avec la marque sa première « signature shoes » : la Nike Mac Attack.

Cette paire est la première chaussure de tennis avec une tige mi-hauteur, ce qui est une petite révolution dans le monde du tennis des années 80. Par rapport aux modèles précédemment portés par John McEnroe, elle est la première chaussure à son nom associée à une ligne textile et à un logo. C’est donc désormais un contrat financier qui lie le joueur à la firme de l’Oregon qui se décide à investir sur le joueur.

D’un point technologique, la paire est un mix de ce que Nike avait déjà développé pour les sports indoor. La semelle intermédiaire est quasi similaire au modèle Nike Court challenge, la semelle extérieure est également inspirée, à quelques détails près, de la Challenge Court. L’empeigne du modèle est composée d’un mesh souple respirant gris, et de cuir gris au niveau de la zone de laçage, dont les œillets sont disposés de façon asymétrique, permettant un bon maintien latéral renforcé par deux arceaux en cuir. L’avant de la chaussure est aussi techniquement abouti, on retrouve au niveau du coup de pied, un cuir gris pleine fleur ainsi qu’un mesh au maillage plus épais que celui de l’empeigne, qui correspond aux zones de flexion du modèle, il est plus aéré et conçu pour la respiration du pied. La languette est en synthétique garni de mousse, et ornée du logo créé spécialement pour McEnroe: un rectangle à damier noir et bleu sur-imprimé de la marque et du swoosh rouge.

Pour la découpe de la chaussure c’est la Nike Challenge Court qui a été choisie comme base de départ. Le modèle ensuite a été élaboré avec ce que Nike faisait de mieux en terme d’ajustement de pied, notamment dans ses modèles volley-ball. On retrouve donc sur la Mac Attack des empiècements spécifiques, plus aboutis et performants pour maintien, que Nike jusqu’alors ne proposait pas sur ses modèles tennis. Avec cette première paire mi-hauteur du marché de la tennis, son coloris atypique pour ce sport (face aux modèles classiques tout blancs qui constituaient l’essentiel des chaussures de tennis de l’époque), son design unique, ses avancées technologiques, Nike continue de s’imposer et de changer les codes de ce sport très codifié, misant sur un John McEnroe qui défraie la chronique. En effet, depuis le début des années 80 l’image de la marque Nike est connotée running.  Elle commence à se pencher sur d’autres sports en gagnant des parts de marchés et en signant des sportifs atypiques, mais ultra performants, comme John McEnroe connu pour ses crises de colère et son vocabulaire fleuri à l’encontre des joueurs du public et des arbitres. Son attitude profite à l’image de Nike qui comprend l’importance d’utiliser un marketing décalé qui ne s’adresse pas exclusivement aux sportifs. L’évolution de Nike dans le tennis s’est fait avec John McEnroe. Il ouvre la voie pour Nike pour sélectionner ses prochains athlètes, comme André Agassi ; ou encore Charles Barkley et David Robinson dans le monde du basketball.

En 1984, John McEnroe avait donc sa propre ligne de chaussures et de vêtements siglés Mac Attack. L’histoire raconte que David Falk, l’agent de Michael Jordan, a demandé à la direction de Nike de traiter son client « comme un joueur de tennis », lors de la signature de son premier contrat. Cela signifiait que Jordan devrait avoir sa propre ligne de baskets et de vêtements, comme Nike l’avait fait pour John McEnroe.

Coup d’essai réussi, ce précédent tennistique conforte Nike dans ce nouveau marketing sportif, qui marquera le début d’une autre très belle succès story avec un autre athlète d’exception : Michael Jordan.

Catégories
Sneakstory

Fila X Grant Hill

Un petit rafraîchissement sur l’entreprise Fila pour commencer…

Fila est une entreprise fondée à Biella en Italie en 1911 par les frères fila, qui a l’époque été spécialisé dans le vêtements de sport haute gamme. En 1973 l’emblématique F box logo a été crée par Sergio Privitera sous la direction d’Enrico Frachey, qui amena les compétences stratégiques, notamment il fut celui qui propulsa l’entreprise au niveau mondial.

En un siècle d’existence l’entreprise a connu différents changements, dont celui de propriétaire, en 2003 elle a été racheté par un groupe sud coréen. En 2007, la marque Fila et toutes ses filiales internationales ont été acquis par la Fila Corée pour 400 Millions de Dollars. Fila est aujourd’hui la plus grande entreprise de fabrications de vêtements de sport en Corée du Sud. En 2011, l’entreprise chinoise ANTA Sports achète les droits pour utiliser la marque en Chine.

Mais c’est en 1994 que Fila débarque sur les parquets américain de la prestigieuse NBA avec sa collaboration avec la super star de NBA Grant Hill en lançant sa collection Héros chaussure de basket-ball.

Grant Hill, durant sa carrière a porté 5 signatures shoes  de la marque Fila.

Il reçoit son premier modèle signature en 1994, la Fila Grant Hill 1.
A première vue on pourrait penser à une paire de chaussure de randonnée mais cette paire est bien destinée aux parquets de la prestigieuse NBA. Ce fut un modèle originale pour l’époque. Cette paire ressemble étrangement à la Jordan 9 sortie la même année, tant dans la forme que le positionnement du logo sur le midsole. je vous laisse en jugez par vous même….

>En 1995, la Fila Grant Hill 2 également connue sous le nom de la  Ninety6 est certainement la paire référence lorsque l’on évoque le nom de Grant Hill. Elle fut très populaire, surtout lorsque 2pac l’a porté sur l’une des images promo de l’album All Eyez on me. Avec une 1 ère réédition en 2008 aux États Unis, elle a été déclinée dans 2 autres colorway plus pop dont un rend hommage aux Knicks. Elle refait son apparition en rétro ce mois ci avec le même colorway blanc/bleu navy de l’équipe de Detroit et semble identique à celle de l’époque.

La Fila Grant Hill 3 est sortie pour la 1ere fois durant la saison 1996-1997. Elle est dotée  d’un nid d’abeilles autour de la midsole et d’un logo de la marque réfléchissant sur le talon, cette paire fut considérée, pour l’époque, comme très avancée en termes de technologies.

A cette époque la, Fila et Grant Hill furent presents plus que jamais sur le marché US et semblaient être sur la même longueur d’onde ce qui permit la marque de continuer à commercialiser des sneakers à son nom. C’est durant sa quatrième saison (1997-1998) que Grant Hill reçoit la Fila GH 4 qui a un design relativement similaire à celui de la Fila GH 2. Elle est de forme plutôt triangulaire  favorise les différents appuis du joueur et qui offre d’avantage de confort aux chevilles et favorise les appuis.

La Fila GH 5 est sortie durant l’avant dernière saison de Grant Hill à Detroit. Cette sneaker arbore un design assez différent des précédents modèles. Malheureusement pour la marque, cette paire de sneaker ne correspond pas aux attentes du joueur. Il la considère d’ailleurs comme la moins efficace et décide de ne pas les porter sur les parquets de la NBA. Cet échec entraînera une  rupture entre le joueur et la marque.

 K.T

Catégories
Sneakstory

Dikembe Mutombo, un héritage africain au coeur de la sneakers

Et si je vous disais que l’historiographie de la Adidas Mutombo allait de pair avec l’historiographie de la culture afro américaine, vous me prendriez surement pour un fou… Je vais quand même tenter de vous convaincre.

Rappel des faits : juillet 1990 l’homme d’affaire Bernard Tapie rachète le groupe Adidas en difficulté financière profitant des dissensions familiales entre les héritiers Dassler et le sauve de la quasi faillite. En 1989, le groupe battant pavillon Allemand enregistre une perte de 130 millions de Deutsch Mark.

Bernard Tapie va recentrer le groupe Adidas sur sa marque phare, cédant progressivement  les marques Le Coq Sportif, Arena et Pony. Il ferme les usines européennes et restructure l’entreprise par d’autres moyens tel que le changement de logo, une refonte des collections et la délocalisation d’une partie de sa production en Asie. Ces mesures portent leurs fruits : le groupe achève l’année 90 sur un bénéfice de 52 millions de Deutsch Mark pour un chiffre d’affaires de 3,34 milliards de francs. Il était grand temps pour Adidas de rattraper son retard sur ses concurrents que sont Nike et Reebok qui avaient déjà délocalisé la majeure partie de leur moyen de production en Asie.

Retour en 1988 : Le pivot des New York Knicks Patrick Ewing est sous contrat avec la marque aux trois bandes. Les ventes des collections étiquetées « Ewing » ( Rivalry, Metro Attitude, Conductor) ne permettent pas à Adidas de rivaliser avec Nike et Reebok. La même année, il se produit un événement qui change la donne sur le marché de la basket (que l’on appelle  de plus  en plus  « sneakers ») : les ventes de son concurrent Nike explosent avec la Nike Air Jordan 3 portée par le spectaculaire arrière Michael Jordan des Chicago Bulls qui est entrain de réécrire l’histoire du basket sur le terrain comme en dehors. Les ventes atteignent des records inégalés pour une paire de basket,  et marquent le début d’une mutation sur le plan marketing, venant bouleverser les stratégies des marques. Adidas longtemps leader sur ce marché devient alors challenger. Pour bien comprendre les faits, un rappel historique s’impose :

En effet jusqu’au milieu des années 80, Adidas avait tendance à investir sur les postes de  pivot. Une enquête effectuée par deux journalistes du Wall Street Journal révèle qu’à l’époque Adidas ne souhaitait pas miser sur les joueurs évoluant au poste d’arrière, préférant sponsoriser les pivots, des joueurs plus grands et à plus fort potentiel de communication pour s’assurer de substantiels bénéfices. Converse à contrario misait sur les meilleurs joueurs quel que soit leur poste, comme Julius Erving (aillier), Larry Bird (aillier), ou encore Magic Johnson (meneur) notamment, qui incarnèrent à merveille cette stratégie. Mais Adidas au milieu des années 80 préfère continuer à sponsoriser Kareem Abdul-Jabbar et Patrick Ewing, deux pivots emblématiques du championnat nord-américain de basket, et refusent de collaborer avec un jeune et prometteur arrière : Michael Jordan. La suite nous la connaissons tous…

En 1989 Patrick Ewing quitte Adidas pour fonder sa société éponyme.  Les ventes n’ont pas été à la hauteur et les deux parties préfèrent convenir d’une rupture de contrat.

Par la suite Adidas va miser sur la Ligne Torsion basket ball (Spectrum et Tempest…) en version high et low, apparue en 1990, mais elle n’aura pas le succès escompté, car un souci de découpe de sa coque (contrefort arrière) la rend trop rigide sous le talon, douloureuse et difficile à porter.  Richard Dacoury (basketteur français sous contrat Adidas)  va jusqu’à « maquiller » une Jordan 5, pour la faire passer pour une Adidas Torsion qu’il est sensé porter. En 1991 la Adidas Torsion Artillery succède à la Torsion et rencontre un franc succès. Adidas a su corriger le tir avec une chaussure plus flexible et dépourvue de coque à l’arrière. On la verra par exemple aux pieds du joueur des Lakers James Worthy, et de Joe Dumars des Detroit Pistons qui se distinguera avec un modèle entièrement noir qui lui donne un style plus agressif et qui permet à Adidas de se repositionner sur les playgrounds. Le modèle séduit également la rue, Adidas casse peu à peu son image « vieillotte » de marque à l’européenne pour entrer de plein pieds dans les années 90. Toujours dans un souci de renouveau, en 1991, c’est la ligne Equipment basket ball qui arbore le nouveau logo représentant une montagne soutenue par le nom Adidas, il symbolise les défis à relever et les objectifs de la marque sauvé de la faillite un an plus tôt.

Au cours de l’exercice 1992- 1993, Adidas est à nouveau bénéficiaire et c’est le moment que choisit la marque pour impulser un nouveau projet basket-ball.  Elle réunit autour d’une table une Dream Team de Designer Produit parmi les plus réputés dans le footwear. On peut citer Guy Marshall qui a beaucoup contribué aux collections basket-ball au début des années 90 en tant que basketball designer, Peter Moore nouveau transfuge de chez Nike qui a notamment travaillé à la conception des deux premières Air Jordan, c’est vous dire… Et le légendaire designer français Jacques Chaissaing qui travaille chez Adidas depuis 1981 et qui est à l’origine de la ligne running ZX en 1988. Autant vous dire que le projet semble d’une importante capitale pour la marque… Le projet « Mutombo » devient la première signature shoes basket d’Adidas après le départ de Patrick Ewing en 1989.

Pour incarner ce nouveau modèle, La marque va jeter son dévolu sur le pivot congolais de la franchise NBA des Denvers Nuggets un certain Dikembe Mutombo Mpolondo Mukamba Jean-Jacques wa Mutombo dit Dikembe Mutombo né le 25 juin 1966 à Kinshasa (République démocratique du Congo). Il est le fils d’une famille de neuf enfants, issue de la tribu ethnique des Lubas, et il parle 9 langues : l’anglais, le français, l’espagnol, le portugais, l’italien et cinq dialectes africains. Il mesure 2,18m et comble du comble il arrive de Georgetown University soit la même université qu’un certain Patrick Ewing, et joue au même poste que lui, celui de Pivot. C’était donc d’autant plus surprenant qu’Adidas choisisse de placer à nouveau ses espoirs sur un autre ancien pensionnaire Georgetown, et qui de plus souhaitait à la base devenir médecin. Il accepte de jouer dans l’équipe NCAA des Hoyas de Georgetown, convaincu par le coach John Thompson, réputé pour sa tradition à former d’ excellents pivots.

Mutombo est sélectionné en quatrième position par les Nuggets de Denver en 1991 lors de la draft. En quatre semaines, Dikembe Mutombo est devenu l’attraction de la NBA… Il ne craint personne et fait peur à tout le monde.

Son jeu a un impact considérable et il devient All-Star lors sa saison de rookie. Avec une moyenne de 16.6 points, 12.3 rebonds et 3 contres par match, le Congolais s’impose comme la pierre angulaire de son équipe et comme un des meilleurs défenseurs de la ligue.

La « Mutombo mania » débute. La personnalité de Dikembe est très vite utilisée par les publicitaires, comme dans ce spot où il parle toutes les langues qu’il maîtrise. Le département marketing d’Adidas va s’inspirer de son style de jeu rugueux, de son intimidation, et de sa domination aux rebonds et aux contres pour concevoir un modèle basket-ball adapté aux phases défensives du jeu. Pour cela, la marque va puiser cet ADN au Congo en Afrique, là où tout a commencé… Assez rapidement quelques grandes lignes émergent d’un brain storming intense, la signature shoes de Dikembe Mutombo devra avoir un design unique, attirer l’attention de tous, tout en rendant hommage à ses racines africaines. Néanmoins Adidas ne souhaite pas engager des sommes faramineuses dans  la création de ce nouveau modèle. Technologiquement Adidas fait du recyclage, s’inspirant fortement de la Adidas Streetball 1 de 1992. La semelle extérieure est en caoutchouc dur, la semelle intermédiaire est elle aussi montée sur ce même matériau. Cela lui confère une allure indestructible, très orientée playground. Mais la Motumbo dénote surtout par son style d’inspiration très africaine. Très graphique, elle est noire et blanche rehaussée de rouge et de jaune, et d’ une pointe de vert sur sa languette. Elle tranche par des combinaisons hors du commun de couleurs et de matières. Elle arbore des motifs rappelant les tissus wax africains sur son empeigne. La languette très proéminente, met en valeur un imposant logo en caoutchouc qui reprend le « M » de Motumbo rappelant un bouclier Massaï et ses lances. Le numéro de Motumbo, le 55, rappelle également par son style deux boucliers tribaux. Logo qui fut d’ailleurs designé par Peter Moore, qui pour l’anecdote avait déjà conçu le logo original Jordan wings ainsi que le célèbre Jumpman.

Evoquant l’art et la tradition africaine, la paire inspire la douceur et la générosité par la rondeur de ses empiècements, mais aussi la force et l’agressivité dans sa symbolique guerrière et l’emploi de la couleur rouge sur l’empeigne et la semelle intermédiaire.

Adidas est allé chercher un joueur né en Afrique. La paire symbolise à la perfection ce pont entre l’héritage africain et les Etats-Unis des années 90. Motumbo déclara d’ailleurs à la fin du premier match où il a eu aux pieds : « Je pense avoir passé plus de temps à regarder mes pieds qu’à jouer ».

Mais le vent de l’Afrique ne souffle pas que sur la paire de Motumbo… A la même époque, la Air Jordan VII  est elle aussi inspirée d’un tableau tribal africain, et la ligne de vêtements Jordan VII pour les JO de Barcelone en 1992 s’inspire également des tissus wax.

Les playgrounds deviennent également un lieu d’expression de ce retour aux sources, on y voit de nombreux joueurs afro américains arborer des tee shirt véhiculant des slogans sociaux, raciaux et politiques associés à des short ou jogging bariolés en hommage au continent Africain. A ce titre la ligne de vêtement qui accompagnera de la Adidas Motumbo sera en total adéquation avec le style de la chaussure.

Ce regain d’intérêt pour l’Afrique a commencé au milieu des années 80 avec l’émergence médiatique de l’Afrique à travers des actions humanitaires de grandes envergures, comme « We Are The World » chanson à but caritatif enregistrée par le groupe USA for AFRICA en1985 visant à collecter des fonds pour lutter contre la famine en Éthiopie. L’événement historique réunira les artistes les plus célèbres de l’industrie musicale américaine de l’époque comme Michael Jackson, Lionel Ritchie, Stevie Wonder, Prince, Bruce Springsteen, Bob Dylan, Tina Turner notamment. Le single sera l’un des plus vendus au monde avec plus de 20 millions d’exemplaires écoulés et 63 millions récoltées pour venir en aide à l’Afrique. C’est également en chantant que l’artiste sud africain Johnny Clegg marquera également les esprits en consacrant sa vie à ouvrir des voies pour l’Afrique et à réunir des voix pour l’Afrique. Toujours dans l’univers musical, le Rap va être touché par cette conscientisation. Des artistes qui incarnent une nouvelle vague de rap conscient comme Queen Latifah, Jungle Brothers A Tribe Called Quest, De La Soul, Public Enemy associent dans leur démarche artistique afro-centrisme et militantisme politique. Cette tendance n’est pas uniquement visible dans le hip hop mais également à la télévision et au cinéma. En 1989, dans son film « Do the right thing », le réalisateur afro américain Spike Lee offre à ses spectateurs par de nombreuses références, toute une imagerie afro-centriste. Dans cette fresque cinématographique se côtoient des personnages en quête d’identité, hauts en couleurs, dont les styles vestimentaires sont autant de clins d’œils à l’Afrique (vêtements bariolés, pendentifs au couleurs de l’Afrique, bandeaux, tenues ou robes avec des imprimés africains, etc). C’est toute la communauté afro américaine qui s’éveille à l’Afrique. Et quelques années plus tard Dikembe Motumbo, star des parquets de basketball américains, en devenant le premier Africain à avoir une chaussure à son nom, en sera l’un des symboles les plus forts…

SA

Catégories
Sneakstory

Decouvrez l’histoire de la Converse Aero Jam.

Au tout début des années 90, les marques de chaussures de basket font la chasse aux stars de la NBA . En jeu ? Chausser les kids du monde entier et profiter des millions de dollars générés par les ventes de basket. Et pour cela, les équipementiers,pour la plupart américains, vont rivaliser d’imagination avec un credo nouveau : l’humour. Michael Jordan, Larry Johnson, Charles Barkley et même Dominique Wilkins ont tous droit à leurs petits spots publicitaires où se mêlent les images détonantes emprunt d’une petite dose d’autodérision. Mais c’est une marque en apparence sur le déclin qui va révolutionner le genre. Cons ou Converse, dites comme vous voulez, va marquer de son empreinte cette nouvelle génération de campagnes de pub avec un film mettant à l’honneur une grand-mère. Sneakers Culture vous propose de revenir sur ce phénomène « culturelle » qui n’a pas pris une ride plus de 20 ans après sa diffusion.

« Lorsque je suis arrivé en 1992, le premier jour, au camp d’entraînement des Charlotte Hornets, il y avait six ou sept représentants de marque de chaussures. J’avais l’impression d’assister à un tournoi de All-Stars du lycée lorsqu’ils sont recrutés par les universités. J’ai signé huit joueurs qui faisaient partie de l’équipe des Hornets » révèle un dirigeant de chez Converse. L’équipe de Caroline du Nord a en effet énormément de potentiel. Les Hornets n’ont que 3 années d’existence mais tout est réuni pour en faire une grande franchise dans la décennie à venir : un beau nom, un beau maillot et une équipe atypique dont chaque joueur à un profil singulièrement différent de ce qui se fait dans le reste de la ligue. Ces singularités, les marques de chaussures comptent bien les exploiter. La franchise compte dans ses rangs le plus petit joueur de la ligue (Mugsy Bogues), un blanc à la détente exceptionnelle (Rex Chapman), le sosie de His Airness (Kendall Gill) et le premier choix de la draft (Larry Johnson). Le potentiel est évident. Il ne reste plus qu’à l’exploiter.

Les fabricants savent déjà que les fans, et surtout les jeunes, sont très sensibles à la marque des pompes que portent leurs idoles. Aussi une big star vaut cher, très cher. La marque Converse a décidé que cette star, c’est chez les Hornets qu’elle devait la trouver. L’heureux élu est le rookie de Charlotte, Larry Johnson. Cons ne pouvait rêver mieux. Mi-ange, mi-démon, l’ancien joueur d’UNLV est une superstar en devenir dont le physique se situe à mi chemin entre celui de Charles Barkley et de Dominique Wilkins. En somme le joueur idéal pour écouler des paires de pompes par millions, à coup de campagnes de pub dont l’écho doit dorénavant raisonner à l’échelle planétaire.

Larry Bird et Magic Johnson ont soutenu la marque Converse durant les années 80. Ils ont maintenu une longue tradition puisque le premier modèle de la marque, la Chuck Taylor All Star, a été créé en 1971. Elle porte le nom d’un joueur pro qui joua dans des temps immémoriaux aux Buffalo German et aux Akron Firestones. Larry Johnson, le super ailier des frelons de Charlotte, est appelé à succéder à ses glorieux aînés. Et pour cela, son équipementier lui a concocté l’un des synopsis les plus originaux de ces trente dernières années.

Le futur rookie of the year doit y apparaître déguisé en grand-mère, un rôle de composition qui lui plus tard vaudra le surnom de « grandmama ». LJ a droit à toute la panoplie : robe à fleurs, petit chapeau, bracelets… Il a aux pieds une paire de basket connu sous le sobriquet de « Converse Aero Jam ». Tient, encore une histoire d’air. Ça nous rappelle quelque chose. Une chose est certaine, c’est insolite et donc terriblement efficace ! Alors que, à quelques exceptions prêts, les pubs américaines ont encore la réputation d’être lourdingue et sans imagination, ce spot ventant une octogénaire passe pour carrément génial. Les images sont spectaculaires et le message très clair : « elles sont si légères que même votre grand-mère pourrait vous battre… ». Pour Converse, c’est gagné. Ce spot est un succès et les ventes suivent. La campagne de pub sort en novembre aux Etats-Unis et 3 mois plus tard dans le reste du monde. Le résultat ne se fait pas attendre. Les ventes décollent, sans la moindre surprise. L’image de la marque est rajeunie. Exit les Chuck Taylor, dorénavant les kids ont aux pieds une pompe hyper technique.

L’Aero Jam possède notamment un nouveau matériau sa partie arrière sensé améliorer l’amorti et la réactivité, le célèbre « REACT juice », ainsi qu’un strap de maintien amovible dont le principe sera repris moins d’un an plus tard sur la Air Jordan VIII. L’Aero Jam ne fait pas remarquer que par sa technicité. Elle a aussi du style. Dès sa sortie, la signature shoe est disponible dans deux coloris : le white/black/teal purple pour les rencontres à domicile et le black/teal pour les déplacements. Sa couleur dominante, le bleu turquoise des Hornets, est dorénavant un signe de reconnaissance pour des milliers de basketteurs dans le monde. La chaussure est tout autant prisée pour sa légèreté et son confort que pour l’image racée qu’elle véhicule. Un véritable OVNI dans un marché dominé par Nike. Et pour la faire décoller, Converse a imaginé une grand-mère ! Car regardez cette chaussure et c’est le souvenir d’une célèbre granmama qui vous revient immédiatement à l’esprit. Est-ce que je n’ai pas raison ? Que celui qui n’est pas d’accord se fasse connaitre !

N.B

Catégories
Sneakstory

La Jordan III WC 88 ou l’equation parfaite…

I – Le calme avant la tempête…

David Falk, le redoutable agent sportif de la NBA, cherche un deal avec un équipementier pour son poulain venu de Caroline du Nord. Mike veut signer chez Adidas mais la marque aux 3 bandes possède

Catégories
Sneakstory

Comment l’histoire de la Air jordan I a révolutionné le marché de la basket…

Ces pompes étaient à l’époque si révolutionnaires que la NBA finit par les interdire. Chaque match disputé avec cette paire de basket sanctionna Michael Jordan d’une amende de 5000$.

BackToTop