Dans la rubrique Band of Brothers nous donnons la parole à des amateurs de sneakers, pour cette quatre vingtième huitième interview express, Fabrice alias selecta bisso a des choses à vous dire…
Bonjour Fabrice, présente-toi en quelques mots
Bonjour je m’appelle Fabrice aka Bisso aka selecta Bisso. Je viens de Guadeloupe plus précisément de Saint-Claude sur la Basse-Terre. Je suis en métropole ( Toulouse ) depuis 2001 ou je suis venu finir mes études STAPS à l’université de Rangeuil.
Par quel biais es-tu venu à la sneaker (le sport, la curiosité du moment…)
Je me suis intéressé à la sneaker au milieu des années 80 grâce à l’émission de Sidney « HIP-HOP ». j’ai été tout de suite impressionné par les breakers passant à l’émission . Avec mon voisin nous avons voulu imiter ce que nous avions vu à la télévision et ceci c’est réalisé par l’imitation des tenues et bien sur l’achat d’une paire de basket ressemblant à ce qui passait à la télé ! Heureusement cette paire ne devait pas être chère car nos parents ont tout de suite accepté de nous les acheter . Il s’agissait d’une Adidas Americana . Par la suite j’ai eu quelques paires plutôt basiques entre marques de qualité et moins bonnes qualités ( Adidas / Nicanto ). A l’adolescence vers 1989/1990 au collège je découvre et vois ma première Jordan ! la jordan IV !! portée par un élève arrivant de France ! Je suis scotché par la beauté et le prix de cette Jordan quand il me dit que ses parents lui ont acheté une paire à 900 francs ! Je demande dans l’année cette chaussure à mes parents qui tout de suite me demandent si je suis fou de demander une paire de chaussure à ce prix.
Tu portes aux pieds une paire de Gel Lyte 5. As-tu une histoire particulière avec cette paire ? Pourquoi ce choix? Qu’apprécies-tu dans ce modèle ?
Cela a été la première paire pour laquelle j’ai campé devant un magasin ( Sole by Rice and Beans ) à Toulouse. Ce camp out fut été très difficile car au mois d’octobre ou novembre dans le froid, dès le vendredi pour une sortie le samedi. Et au final cela aura valu le coup car je suis reparti avec ma paire sous le bras. Ce modèle, la Gel Lyte 5 est un modèle très confortable dans lequel je me sens à l’aise, la coupe me plait, le chausson est encore une fois confortable et agréable pour les pieds .
Te souviens-tu de ta première paire ?
Comme je l’ai dit plus haut ma première paire a été une Adidas Americana ! Cette paire a toute une histoire pour moi et aura marqué ma pré adolescence.
Es-tu un collectionneur ou un passionné ?
Hou là que dire ? On dira que je suis avant tout un passionné, un « kiffeur », quelqu’un qui apprécie les jolies choses que ça soit dans la sneaker ou dans d’autres domaines et qui par l’envie de se faire plaisir a accumulé quelques paires qui font que certaines personnes diraient aujourd’hui que je suis un collectionneur ! Mais je t’avoue que je ne pose pas cette question je suis avant tout quelqu’un qui veut se faire plaisir, échanger et partager avec des gens qui apprécient la sneaker.
Selon ton expérience, pourquoi existe t-il un clivage aussi marqué entre la nouvelle et l’ancienne génération de sneaker addict ou sneakerhead ?
Tu sais mon expérience n’est pas immense dans le milieu de la sneaker, je suis un passionné de sneaker depuis des années mais suis beaucoup plus actif ( dans ce milieu dit « de la sneaker » ) que depuis quelques temps ! Mais en tant qu’observateur attentif de ce qui se passe sur les réseaux sociaux ou lors de discussions passionnées avec des « sneakers addict ou sneakerhead » je pense que certains clivages sont tout simplement normaux et dû tout simplement au temps qui passe et au fossé de génération qui évolue . Il s’agit de se respecter et le plus gros problème est peut être là, le manque de compréhension dans les méthodes utilisées, dans la façon de s’exprimer, le manque de respect que ça soit chez les « anciens » ou les « jeunes » pourrissent à certains moments une ambiance qui pourrait être beaucoup plus apaisée . Quoiqu’il en soit ce n’est pas non plus une zone de guerre des conflits apparaissent comme dans tous les milieux et s’apaisent souvent assez rapidement ! nous sommes dans une société de consommation, de « buzz », tout va très vite, apparait rapidement et disparaît aussitôt.
La musique et la basket-ball ont toujours été des univers très fusionnels en ce qui concerne la sneakers ? Comment expliques-tu la génese de ce phénomène ( cette transversalité) ?
Très bonne question puisque l’une de mes grande passion est la musique. Je suis sélecteur (DJ) dans un sound system reggae/dancehall le Blackout Sound System qui est un sound très actif. Aujourd’hui et que j’ai crée avec selecta Tchalys en 2002. Je viens de Guadeloupe ou la musique a une place très important dans toutes les familles. J’ai assisté à de nombreux matchs de basket ou jouer dans des tournois de basket de rue ou la musique a toujours été présente ! Je crois que cela est une histoire de rythme que l’on retrouve dans le basket, la musique, le sport en général et la sneaker est à mon avis un élément majeur permettant d’arriver à ce rythme que cela soit pour se déplacer, danser, se défouler ! La musique avec la danse est une forme de sport et le sport est une musique, un rythme ! on parle bien de répéter ses gammes dans la musique et le sport non ? La sneaker me semble être un des outils communs à la musique comme au sport ! Enfin bref au final je ne peux expliquer la genèse de ce phénomène mais ta question m’a inspiré un fil conducteur : le rythme…
Pourquoi un tel engouement autour de la Sneaker aujourd’hui ? Comment vois-tu le marché actuel de la sneaker ?
Je pense que cela est un phénomène dû à notre façon de consommer. En effet aujourd’hui il suffit qu’une paire fasse le buzz sur les réseaux sociaux ou autres supports d’information, qu’un artiste fasse une photo avec une paire pour que cela attire toutes sortes de personnes avec des intérêts divers, la mode, le buzz, le business… Cela a à mon avis pousser les marques à vouloir faire encore plus de profit au détriment de la qualité ! Aujourd’hui nous sommes je le pense à peu près tous d’accord pour dire que les prix sont montés et que la qualité des produits a sérieusement diminué ! La sneakers est devenu un produit de consommation qui est fait pour être consommé rapidement et remplacé aussi vite au final. Pas besoin de s’attarder sur des détails, sur la qualité des matériaux…
Es-tu plus sélectif qu’avant ou achètes-tu sur des coups de tête ou des coups de coeur ? Te considères-tu comme un sneaker addict ? Ce terme est à la mode, qu’en penses-tu ?
J’achète sur des coups de coeur en étant sélectif tout en essayant que cela ne soit pas des coups de tête ! Cela n’est pas évident mais j’y arrive quand même car il y a quand même une réalité économique derrière lol on ne peut pas tout acheter ! Comme je le disais plus haut je ne me considère pas vraiment dans une case » sneakers addict « . Je suis juste un « kiffeur » qui prend du plaisir à partager ce qu’il aime et ce quelque soit le domaine ! je fais de même dans la musique et je n’ai pas besoins d’une étiquette qui enferme les gens dans une case et dans laquelle des règles seraient à respecter en tant que « sneakers addict »
Le mot de la fin ?
Je crois qu’il est important de ne pas se restreindre à une passion il faut s’ouvrir à pleins d’autres choses quitte à ce qu’il y ait une transversalité entre ce que l’on fait. Cela permet de rencontrer des gens, de discuter, d’échanger, de s’ouvrir au monde et surtout ne pas rester dans son petit monde « d’addict ». La sneaker devrait être pour chacun une ouverture, un moyen d’avancer… Le reggae-dancehal , le hip-hop sont aussi un passion, l’achat de disques vinyle, le plaisir du toucher, de l’odeur, de les jouer me font penser aussi à cette passion la sneakers ! Mais comme je le dis plus haut ceci doit rester un moyen d’échanger, d’aller vers les autres et ne pas rester enfermer, cloisonner .
Merci et longue vie à sneakers culture
crédit photo Pierre Ftt
S.A